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L'ILLUSTRATION

Prix du Numéro: 75 cent.

SAMEDI 6 JUIN 1891

49e Année.--N° 2519


                                        Le Petit-Trianon.                                   Le théâtre: l'entrée de la reine.


LA FETE DE TRIANON.--Représentation dramatique organisée
dans le théâtre de Marie-Antoinette par le comité du monument Houdon.



Le nom de Mme Weiss terminait notre dernière causerie. Il ouvriracelle-ci. Je dois un post-scriptum à ce que je disais de l'empoisonneusequi a si dramatiquement--et j'ajoute si bravement--usé du poison contreelle-même. La strychnine qu'elle cachait dans un ourlet de son mouchoirme fait oublier l'arsenic qu'elle glissait dans les babouches de sesenfants. On a beau dire, comme un truisme prudhommesque, que le suicideest une lâcheté, voilà un suicide vraiment crâne, et si les deuxcoupables ont commis un crime, ils l'ont payé argent comptant. Roques seloge une balle dans la tête, Mme Weiss s'empoisonne. Tous les drames decour d'assises n'ont pas un dénouement aussi fier, et la sympathie estrevenue aux troisièmes rôles depuis que le rideau est tombé sur cettetragédie bourgeoise.

J'aurais voulu que Chambige eût un peu de la fermeté de Roques. Quant àMme Weiss, elle a expié avec une rapidité poignante. Combien d'autres sefussent condamnées à vivre!

Elle serait sortie, jeune encore, de la prison, et les hommages ne luieussent pas manqué. M. Weiss, le pauvre et honnête homme qui reste seulavec ses enfants, n'a-t-il pas entendu murmurer à ses oreilles ce mot,dit par un inconnu, un curieux, comme le héros du Mariage blanc de M.Lemaitre:

--Ah! si elle était libre!

Elle s'est faite libre. Nulle justice en ce bas monde n'a plus le droitde lui demander compte de ses actions. Elle ne s'est raccrochée à aucunespoir, à la perspective d'aucune commutation de peine! elle est alléetout droit à la mort, après avoir gâché et usé la vie.

Ce qui l'explique bien, cette femme, c'est qu'elle est Russe. Le néantmême n'effraye pas les Russes. Ces âmes slaves ont l'appétit de la mort.Elles ne détestent pas non plus le drame. Je m'étonne que Mme Weiss nese soit pas tuée en pleine audience comme la malheureuse Feyghine, autreRusse maintenant oubliée, qui voulait se tirer un coup de revolver enplein théâtre. La mise en scène, pour peu surtout qu'elle ait un refletd'héroïsme, doit tenter ces détraquées. Cependant, pour Mme Weiss, lamort a été douloureuse, sans phrases, et obscure.

Elle laisse une lettre cachetée portant cette suscription: Pour mesenfants, quand ils auront quinze ans. Cette lettre, le mari peut lagarder, les enfants pourront la lire sans rougir de celle qui n'estplus. Elle équivaut à la lettre de rémission que les rois octroyaientautrefois aux coupables, avec cette différence que la condamnée icis'est rachetée elle-même et qu'elle ne s'est pas amnistiée. Paix à cettefemme! Ce n'était pas un cœur vulgaire.

Mais, depuis Chambige jusqu'à elle, que d'esprits oscillants ont ététout à fait oblitérés par des états d'âmes, le besoin de bourgétiser,si je puis dire--sans que M. Bourget soit en cause--et les psychologiesténues et maladives!

On est de son temps, voilà ce que cela prouve, et je ne vais pas répéterpour la cent millième fois le mot de névrose. Non, d'autant plus qu'ilfait très beau pour le moment, et que

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