L'homme gris avait dit vrai. Ni lui, ni Shoking,ni l'Irlandais en guenilles n'avaient pu retrouverRalph.
Qu'était donc devenu le petit Irlandais?
L'enfant, après avoir sauté dans le jardin, n'avaitpas hésité une minute.
Il avait couru à cet arbre qui, durant toute lajournée, avait été l'objet de sa préoccupation etqui montait au long du mur; puis il s'était mis àgrimper autour du tronc jusqu'à ce qu'il fût parvenuaux branches.
Là, il s'était arrêté un moment pour s'orienter.
Il voyait par-dessus le mur.
De l'autre côté de ce mur, il y avait un terrainvague entouré d'une palissade en planches.
A gauche et à droite, il y avait des toits demaisons.
Montant d'une branche dans l'autre, l'enfantgagna le mur et s'y établit à califourchon.
Puis il mesura le saut qu'il avait à faire pourarriver dans le terrain vague.
Le mur était élevé à une vingtaine de pieds dusol, et de l'autre côté, il n'y avait ni arbre ni rienqui put lui permettre d'amortir sa chute.
Ralph eut un moment de désespoir. Lui faudrait-ildonc reprendre le chemin qu'il avait déjàpris, et rentrer dans sa prison?
Tout à coup, il entendit du bruit. Son effroiredoubla.
De l'endroit où il était, il voyait par-dessus letoit de mistress Fanoche, et, par conséquent, ledevant du jardin.
Malgré l'obscurité, Ralph aperçut trois hommesqui entraient par la grille. Il en vit deux quirenversaient le troisième à terre, et ce spectacle,on le pense bien, n'était pas de nature à calmersa frayeur.
C'étaient l'homme gris et son complice qui appliquaientun masque de poix sur le visage delord Palmure et se débarrassaient de lui.
Ralph eut envie de sauter dans le terrain vague;mais l'instinct du danger l'en empêchaencore.
Le couronnement du mur était à plat. L'enfantse dressa et se mit à marcher dessus. Il arrivaainsi à l'un des deux toits.
Un saltimbanque ne se fût pas mieux tiré de cepérilleux voyage.
Parvenu au bout du mur, il monta sur le toit.
Mais ses yeux ne perdaient pas de vue lamaison de mistress Fanoche dans laquelle lesdeux hommes étaient entrés.
A force de rôder sur le toit, il découvrit uneouverture. C'était une de ces croisées dites à tabatièrequ'on perce dans les mansardes.
Il eut bonne envie de se glisser par cette fenêtreet de pénétrer dans la maison; mais la peurd'être découvert, arrêté par les habitants et reconduità mistress Fanoche le fit hésiter encore.
Soudain un nouveau bruit se fit dans le jardinde cette dernière; en même temps une lumièreapparut à la fenêtre de là chambre que Ralphvenait d'abandonner et l'enfant entendit des crisauxquels se mêlait la voix aigre de mistress Fanoche.
On venait de s'apercevoir de sa fuite.
Cette fois le petit Irlandais n'hésita plus et il selaissa couler par la croisée de la mansarde.
Il se trouva alors dans une étroite chambrette,dépourvue de tous meubles et dont la porte étaitouverte.
Ralph franchit le seuil de cette porte et trouvaun escalier. Ses petites mains s'accrochaient à larampe et il descendit.
Où allait-il? peu lui importait, pourvu qu'iléchappât à mistress Fanoche et à la terrible Ecossaise.
La maison paraissait déserte.
On n'y voyait pas de lumière, on n'entendaitaucun bruit.
L'enfant descendait avec une telle précipitationqu'il fit un faux pa