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ANATOLE LE BRAZ

AU
PAYS DES PARDONS

PARIS
CALMANN-LÉVY, ÉDITEURS
3, RUE AUBER, 3

CALMANN-LÉVY, ÉDITEURS

DU MÊME AUTEUR

Format in-18.

LA CHANSON DE LA BRETAGNE1 vol.
PAQUES D’ISLANDE1 —
LE GARDIEN DU FEU1 —
LE SANG DE LA SIRÈNE1 —
LA TERRE DU PASSÉ1 —
LE THÉÂTRE CELTIQUE1 —

Droits de reproduction et de traduction réservés pour tous les pays,y compris la Hollande.

291-08. — Coulommiers. Imp. Paul BRODARD. — P4-08.

A LA MÉMOIRE VÉNÉRÉE
DE
MA MÈRE

AVANT-PROPOS
DE LA PREMIÈRE ÉDITION

Je n’ai pas à apprendre au lecteur que ce Paysdes Pardons où je voudrais le conduire, c’est laBretagne, j’entends la Bretagne bretonnante ou — s’ilfaut un terme encore plus spécial — l’Armorique.Il ne serait pas moins superflu, je pense, dedire en quoi consiste un Pardon. Tout le monde ena vu. On ne voyage pas une semaine en Bretagne,durant la belle saison, sans tomber à l’improvisteau milieu d’une de ces fêtes locales. Elles ne présentent,du reste, aperçues ainsi au passage, qu’unintérêt assez médiocre.

C’est le plus souvent aux alentours d’une vieillechapelle qui ne se distingue guère que par sonclocher des masures du voisinage, tantôt au creuxd’un ravin boisé, tantôt au sommet d’une landestérile, balayée du vent. Il y a là des gens endimanchésqui vont et viennent, d’une allure monotone,les bras ballants ou croisés sur la poitrine,sans enthousiasme, sans gaieté. D’autres, attablésdans quelque auberge, crient très fort, mais plutôt,semble-t-il, par acquit de conscience que par conviction.Les mendiants pullulent, sordides, couvertsde vermine et d’ulcères, lamentables et répugnants.Dans l’enclos du cimetière bossué de tombes herbeuses,véritable « champ des morts », un aveugleadossé au tronc d’un if glapit, en une languebarbare, une mélopée dolente, si triste qu’on laprendrait pour une plainte. Les jeunes couples quise promènent, et qui sont censés deviser d’amour,échangent à peine cinq paroles, se lutinent gauchement,avec des gestes contraints. Un de mes amis,après avoir assisté au pardon de la Clarté, enPerros, formulait son impression en ces termes :

— Décidément, j’aime mieux vos Bretons quandils ne s’amusent pas : ils sont moins mornes.

Son erreur était de croire que ces Bretons s’étaientréunis là pour s’amuser. Le Goffic a écrit à proposdes pardons[1] : « Ils sont les mêmes qu’ils étaient ily a deux cents ans, et vous ne trouverez rien de sidélicieusement suranné. Ils ne ressemblent pointaux autres fêtes. Ce ne sont point des prétextes àripailles comme les kermesses flamandes, ni desrendez-vous de somnambules et d’hommes-troncs,comme les foires de Paris. L’attrait vient de plushaut : ces pardons sont restés des fêtes de l’âme.On y rit peu et on y prie beaucoup… » On ne sauraitmieux dire. Une pensée religieuse, d’un caractèreprofond, préside à ces assemblées. Chacun yapporte un esprit grave, et la plus grande partie dela journée est consacrée à des pratiques de dé

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