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MÉMOIRE
SUR LES AVANTAGES
QU'IL Y AUROIT
A CHANGER ABSOLUMENT
LA NOURRITURE
DES GENS DE MER.

Par M. Poissonnier Desperrières,Chevalier de l'Ordre du Roi, l'un de sesMédecins ordinaires, Médecin de la GrandeChancellerie & de la Généralité de Paris,Inspecteur général des Hôpitaux de la Marine& des Colonies, de l'Académie des Sciences,Arts & Belles-Lettres de Dijon.

A VERSAILLES,
DE L'IMPRIMERIE DE L'HÔTEL DE LA GUERRE.

M. DCCLXXII.

MÉMOIRE
Sur les avantages qu'il y auroit à changer absolument la nourriture des Gens de mer.

Je crois avoir prouvé, dans mon Traité desmaladies des Gens de mer, que les salaisons dontles Matelots font usage, sont la principale causedu scorbut & des autres maladies qui les affligent.Les Médecins & les Chirurgiens sont pénétrésde cette vérité, & les Officiers de la marineen paroissent convaincus; mais ce n'est pas assez,il faut encore qu'elle frappe les personnes dontl'autorité peut seule opérer avec plein succès uneréforme avantageuse à l'humanité, & par conséquentprécieuse à l'État.

Pour établir la nécessité de cette réforme, j'employeraiplus de faits que de raisonnemens:les faits portent la conviction dans l'esprit, &terrassent le préjugé; les raisonnemens les plussolides, combattus par des raisonnemens spécieuxprésentés avec art, ne produisent plus que desdoutes & des incertitudes. Il n'appartient qu'àl'expérience de les dissiper victorieusement.

On convient généralement que les substancesanimales, quoique salées, sont susceptibles d'unedégénérescence visible, qui ne peut qu'accélérerla tendance qu'ont à la décomposition toutes lesliqueurs du corps humain: ceux qui ne se nourrissentque de ces substances, sont nécessairementplus exposés que les autres hommes à ces maladiesputrides, pour lesquelles j'ai tant recommandéle régime végétal. Il seroit donc essentield'introduire parmi les Matelots, l'usage ordinaired'alimens propres à écarter le scorbut,maladie cruelle qui fait un si grand nombre devictimes. La Nature offre des substances d'unequalité, non-seulement plus salubre, mais mêmeplus agréable que celles qui jusqu'ici ont obtenula préférence, & qui méritent l'exclusion. Lerégime végétal, enseigné par la raison, avoitdéjà pour lui d'heureuses épreuves: mais denouveaux faits viennent d'en constater la bontéd'une manière si frappante, qu'il n'est pas possiblede se refuser à l'évidence, & qu'elle doitentraîner tous les suffrages pour changer lanourriture des Matelots.

M. de Marnières, commandant en 1758 levaisseau l'Achille; M. le Comte de Grasse, leZéphir; & M. Dumas, la frégate la Syrène; cesbâtimens ayant tenu des croisières très-longuesdevant l'île Sainte-Hélène, tous leurs équipagesfurent attaqués de scorbut à un très-haut degré,les Maîtres même & quelques Officiers n'en furentpas exempts. On relâcha à la baie des Saints;mais ces vaisseaux ayant été obligés d'en partir,avant que les équipages fussent rétablis, & lesviandes manquant entièrement, on fut obligé des'approvisionner de riz pour retourner en France:cette seule nourriture rendit la santé aux équipages,malgré la longueur de la traversée, entreprisedans une saison avancée.

En 1757, M. Hocquart, commandant la frégatela Dryade, fit plusieurs croisières très-longues surles côtes de Salé: ce bâtiment resta près d'un anarmé avec le même équipage; tous les malades,& ceux qui jouissoient d'une bonne santé, à l'exceptionnéan

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