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ÉDITION DÉFINITIVE D'APRÈS LES MANUSCRITS ORIGINAUX


ŒUVRES COMPLÈTES
DE
GUSTAVE  FLAUBERT


III

L'ÉDUCATION SENTIMENTALE

I


PARIS

A. QUANTIN, IMPRIMEUR-ÉDITEUR

RUE SAINT-BENOIT, 7

1885


TOUS DROITS RÉSERVÉS


PREMIÈRE PARTIE


L'ÉDUCATION

SENTIMENTALE

I

Le 15 septembre 1840, vers six heures du matin, laVille-de-Montereau, près de partir, fumait à gros tourbillons devantle quai Saint-Bernard.

Des gens arrivaient hors d'haleine; des barriques, des câbles,des corbeilles de linge gênaient la circulation; les matelots nerépondaient à personne; on se heurtait; les colis montaient entre lesdeux tambours, et le tapage s'absorbait dans le bruissement de lavapeur, qui, s'échappant par des plaques de tôle, enveloppait toutd'une nuée blanchâtre, tandis que la cloche, à l'avant, tintait sansdiscontinuer.

Enfin le navire partit; et les deux berges, peuplées de magasins, dechantiers et d'usines, filèrent comme deux larges rubans que l'ondéroule.

Un jeune homme de dix-huit ans, à longs cheveux 4 et qui tenaitun album sous son bras, restait auprès du gouvernail, immobile. Atravers le brouillard, il contemplait des clochers, des édifices dontil ne savait pas les noms; puis il embrassa, dans un dernier coupd'œil, l'île Saint-Louis, la Cité, Notre-Dame; et bientôt, Parisdisparaissant, il poussa un grand soupir.

M. Frédéric Moreau, nouvellement reçu bachelier, s'en retournait àNogent-sur-Seine, où il devait languir pendant deux mois, avant d'allerfaire son droit. Sa mère, avec la somme indispensable, l'avait envoyéau Havre voir un oncle, dont elle espérait, pour lui, l'héritage; il enétait revenu la veille seulement; et il se dédommageait de ne pouvoirséjourner dans la capitale, en regagnant sa province par la route laplus longue.

Le tumulte s'apaisait; tous avaient pris leur place; quelques-uns,debout, se chauffaient autour de la machine, et la cheminée crachaitavec un râle lent et rythmique son panache de fumée noire; desgouttelettes de rosée coulaient sur les cuivres; le pont tremblaitsous une petite vibration intérieure, et les deux roues, tournantrapidement, battaient l'eau.

La rivière était bordée par des grèves de sable. On rencontrait destrains de bois qui se mettaient à onduler sous le remous des vagues,ou bien, dans un bateau sans voiles, un homme assis pêchait; puis lesbrumes errantes se fondirent, le soleil parut, la colline qui suivaità droite le cours de la Seine peu à peu s'abaissa, et il en surgit uneautre, plus proche, sur la rive opposée.

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Des arbres la

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