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ŒUVRES COMPLÈTES DE J. MICHELET

HISTOIRE
DE FRANCE

MOYEN ÂGE

ÉDITION DÉFINITIVE, REVUE ET CORRIGÉE

TOME DEUXIÈME

PARIS
ERNEST FLAMMARION, ÉDITEUR
26, RUE RACINE, PRÈS L'ODÉON
Tous droits réservés.

(p. 1) HISTOIRE DE FRANCE

LIVRE III

TABLEAU DE LA FRANCE.

L'histoire de France commence avec la langue française. La langue est lesigne principal d'une nationalité. Le premier monument de la nôtre estle serment dicté par Charles-le-Chauve à son frère, au traité de 843.C'est dans le demi-siècle suivant que les diverses parties de la France,jusque-là confondues dans une obscure et vague unité, se caractérisentchacune par une dynastie féodale. Les populations, si longtempsflottantes, se sont enfin fixées et assises. Nous savons maintenant oùles prendre, et, en même temps qu'elles existent et agissent à part,elles prennent peu à peu une voix; chacune a son histoire, chacune seraconte elle-même.

(p. 2) La variété infinie du monde féodal, la multiplicité d'objets parlaquelle il fatigue d'abord la vue et l'attention, n'en est pas moins larévélation de la France. Pour la première fois elle se produit dans saforme géographique. Lorsque le vent emporte le vain et uniformebrouillard dont l'empire allemand avait tout couvert et tout obscurci,le pays apparaît, dans ses diversités locales, dessiné par sesmontagnes, par ses rivières. Les divisions politiques répondent ici auxdivisions physiques. Bien loin qu'il y ait, comme on l'a dit, confusionet chaos, c'est un ordre, une régularité inévitable et fatale. Chosebizarre! nos quatre-vingt-six départements répondent, à peu de choseprès, aux quatre-vingt-six districts des Capitulaires, d'où sont sortiesla plupart des souverainetés féodales, et la Révolution, qui venaitdonner le dernier coup à la féodalité, l'a imitée malgré elle.

Le vrai point de départ de notre histoire doit être une divisionpolitique de la France, formée d'après sa division physique etnaturelle. L'histoire est d'abord toute géographie. Nous ne pouvonsraconter l'époque féodale ou provinciale (ce dernier nom la désigneaussi bien) sans avoir caractérisé chacune des provinces. Mais il nesuffit pas de tracer la forme géographique de ces diverses contrées;c'est surtout par leurs fruits qu'elles s'expliquent, je veux dire parles hommes et les événements que doit offrir leur histoire. Du point oùnous nous plaçons, nous prédirons ce que chacune d'elles doit faire etproduire, nous leur marquerons leur destinée, nous les doterons à leurberceau.

(p. 3) Et d'abord contemplons l'ensemble de la France, pour la voir sediviser d'elle-même.

Montons sur un des points élevés des Vosges, ou, si vous voulez, auJura. Tournons le dos aux Alpes. Nous distinguerons (pourvu que notreregard puisse percer un horizon de trois cents lieues) une ligneonduleuse, qui s'étend des collines boisées du Luxembourg et desArdennes aux ballons des Vosges; de là, par les coteaux vineux de laBourgogne, aux déchirements volcaniques des Cévennes, et jusqu'au murprodigieux des Pyrénées. Cette ligne est la séparation des eaux: du côtéoccidental, la Seine, la Loire et la Garonne descendent à l'Océan;derrière, s'écoulent la Meuse au nord, la Saône et le Rhône au midi. Auloin, deux espèces d'îles continentales: la Bretagne, âpre et basse,simple quartz et granit, grand écueil placé au coin de la France pourporter le coup des courants de l

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