Au lecteur


3

Lendemains de Guerre
des FLANDRES a la MEUSE


La renaissance de la vie dans les villes martyres, telle est la trèsnoble et réconfortante pensée que M. Tatin s'est proposé d'exprimer dansles douze dessins rehaussés qui font l'objet de ce recueil.

Fantassin, puis artilleur après qu'une blessure l'eût obligé à unchangement d'arme, il a pu au cours de sa campagne de cinquante moisaccumuler croquis, documents, tableaux; mais, au milieu des amas sansnom où les pierres de France chantaient encore la chanson de tous lessouvenirs qui dormaient en elles, M. Tatin a senti vibrer en lui uneémotion profonde qui l'incitait à traduire en même temps que l'horreurmatérielle des ruines, la forte espérance émanant des choses qui neveulent pas mourir.

Cette pensée, il l'a rendue avec la science et la conscience d'un talentqui cherche dans son intime sensibilité l'inspiration créatrice, et dontle faire original éclaire de larges teintes lumineuses un dessin fermeoù la plume sait trouver souvent les accents du burin.

Son œuvre, toutefois, n'eût été réservée qu'à quelques privilégiés,si M. Tatin n'avait eu la pensée de faire reproduire ses planches afind'accroître le nombre de ceux qui seraient appelés à en jouir.

*
*   *

Parler de la barbarie germanique est presque devenu un lieu commun. En1915 déjà, un rapport officiel stigmatisait ainsi les procédés del'ennemi: «On peut dire que jamais une guerre entre nations civiliséesn'a eu le caractère sauvage et féroce de celle qui est en ce momentportée sur notre sol par un adversaire implacable... Les faits qui nousont été révélés accusent dans la mentalité allemande, depuis 1870, uneétonnante régression.»

Cette opinion fut confirmée par les trois années de guerre qui suivirentet au cours desquelles la marée allemande, dans ses mouvements de fluxet de reflux, a porté de nouveau ses ravages, en certains points dufront, avec une perfection destructrice qui n'avait jamais encore étéatteinte.

De la mer aux Vosges, aux champs de Flandre, d'Artois, de Picardie, deChampagne, de Lorraine, les cités meurtries se succèdent, jalonnant lavoie douloureuse, sacrée par tant de morts, de sang, de souffrances etde ruines, au long de laquelle se disputèrent les destinées de laFrance.

La justice voulait qu'hommage fût rendu aux vaillantes blessées quiportèrent si lourdement le poids de l'invasion et qui, par leurrésistance, évitèrent que la souillure en fût portée plus avant. Leursplaies béantes sont là pour affirmer qu'elles furent héroïques sous lamitraille autant qu'elles savaient être, aux jours heureux, maternelles,accueillantes et douces.

Suivant les caprices du front, parcourons les douze stations de notrepèlerinage.

Tout d'abord, voici Lens! véritable vision de cauchemar, où l'œuvrede destruction a atteint son maximum, où tout ce qui n'a pu être enlevéa été bombardé et miné, où les galeries ont été noyées et lesinstallations rasées.

Cette ville

...

BU KİTABI OKUMAK İÇİN ÜYE OLUN VEYA GİRİŞ YAPIN!


Sitemize Üyelik ÜCRETSİZDİR!