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eureux ceux qui sont à Nice et respirent l'air de la mer! Non pas quenotre Paris soit triste, il y fait un temps tiède, on y joue des piècesnouvelles quand la Commune veut bien le permettre et l'on s'y prépare enfamille aux fêtes du carnaval.

Dans les collèges, on fêtera ce carnaval en jouant des pièces de comédieau bénéfice des pauvres. C'est étonnant, ce débordement du théâtre surla vie de tous les jours. Je connais un établissement d'éducation où,sous le péristyle, sont affichés ces deux avis:

D'un côté:

Messe de la Purification, à 8 heures.

Et de l'autre:

Monsieur de Pourceaugnac, comédie en trois actes.

Les élèves de l'institution répètent en sortant de l'office. Et lespauvres y gagnent, ces pauvres pauvres qui ont passé un si rude hiver.

Mais il s'agit bien de fêtes! Que de morts, et de morts glorieux!Janvier a fini sur ces deux nouvelles, dont l'une était triste etl'autre joyeuse, la mort de Meissonier et la démission de Crispi. Ainsiil est tombé, M. Crispi, brusquement, alors qu'on semblait ne s'yattendre guère. L'événement est gros de conséquences; mais il fautlaisser aux politiciens le soin d'épiloguer là-dessus. Les pertes del'art français, Meissonier, Chaplin, rentrent plus directement dansl'ordre de nos causeries.

Chaplin! le peintre des roses et des lis. Un Fragonard fin de siècle.Anglais d'origine aussi, avec quelques tubes de la couleur deGainsborough sur sa palette. Il savait donner à la chair féminine unetransparence, un charme exquis. Et quand on pense qu'il avait débuté pardes paysanneries! Avec des paysannes en robes de bure et des rouliers oudes bergers en limousines rayées! Sans compter les cochons. Chaplinvoulait, en sa jeunesse, se faire le peintre des cochons. Il leurdonnait aussi de doux et jolis petits tons roses comme Charles Jacques.

«Animal-roi, cher ange!» disait du cochon Charles Monselet legourmand. Chaplin abandonna bientôt le rôle d'animalier et se fit lepeintre des élégances, des décorations agréables, des dessus de porteset des plafonds à la Boucher. Le boudoir de l'impératrice Eugénie auxTuileries était peint par Chaplin. Une fête des yeux. Ah! la coquette etséduisante bonbonnière! Un souvenir envolé! Au loin la femme, au tombeaule peintre, en cendres le boudoir!

Quand on lui reprochait de faire joli, Chaplin répondait, avec sonélégance de gentleman:

--Ribot a bien le droit de voir noir. Je réclame le droit de voir rose.Le rose est dans la nature!

Et il avait raison, l'élégant et puissant artiste, car il y a souventplus de puissance dans le goût que dans la brutalité. Je n'adresse pasce dernier mot à M. Ribot qui est un grand peintre.

J'ai déjà lu que Meissonier, lui, n'était pas un grand peintre. Parceque ses tableaux sont petits, on lui dénie le premier rang. Mais tellepetite toile de Meissonier durera plus que bien des ambitieusesmachines. Il est des tableaux de Meissonier qu'on admirera encore dansdes siècles, comme les Flamands.

Un jour, quelqu'un lui dit:

--Savez-vous ce que j'aimerais avoir fait dans ce siècle, en peinture?Ce sont vos petits bonshommes.

Meissonier se montra froissé du mot et pourtant je ne sais pas decompliment qui dût, en vérité, lui être plus profondément agréable. Lepeintre de ces petits bons

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