LES AMOURS
DU CHEVALIER
DE FAUBLAS

[Vignette: NON BENE QUI SEMPER AMAT]

TOME QUATRIÈME

PARIS, M DCCC LXXXIV

LES AMOURS
DU CHEVALIER
DE FAUBLAS

PAR
LOUVET DE COUVRAY

AVEC UNE
PRÉFACE PAR HIPPOLYTE FOURNIER

Dessins de Paul Avril
GRAVÉS A L'EAU-FORTE PAR MONZIÈS

[Marque d'imprimeur: IOVAVST]

PARIS
LIBRAIRIE DES BIBLIOPHILES
Rue Saint-Honoré, 338

M DCCC LXXXIV

[Illustration]
LE SOUFFLET

LA
FIN DES AMOURS
DU CHEVALIER
DE FAUBLAS

Hélas! je suis à la Bastille.

J'y passai presque tout l'hiver, quatremois, quatre mois entiers. On l'a millefois écrit, cependant je me vois forcéde l'écrire encore[1]: tous les chagrins sont rassemblésdans ce séjour funeste, et de tous les chagrinsle plus inconsolable, l'ennui, l'ennui terrible, yveille nuit et jour à côté de l'inquiétude et de ladouleur. Je crois que la mort l'habiteroit bientôtseule, s'il étoit possible qu'on empêchât l'espéranced'y pénétrer. O mon roi! le jour où, dans tonéquité, tu détruiras ces prisons fatales sera pourton peuple un jour d'allégresse.

[1] C'étoit au mois de juillet 1788 que je mêlois ainsimes réclamations à celles de tous les citoyens. Comment devineralors qu'au mois de juillet 89 la Bastille seroit, enmoins de trois heures, emportée d'assaut par mes vaillanscompatriotes? Comment deviner les rapides progrès de laRévolution qui devoit nous assurer, avec la liberté individuelle,la liberté publique? Grâces te soient rendues, Dieude ma patrie! Tu as jeté sur elle un regard libérateur; tului as donné précisément ensemble tous les hommes et tousles événemens nécessaires à sa régénération si désirable et sidifficile.

Le soleil, qui depuis plus de deux heures peut-êtreéclairoit le reste du monde, commençoit àpeine à paroître pour nous, malheureux prisonniers;à peine un de ses plus foibles rayons, obliquementdirigé, frappoit la première moitié del'étroite et longue lucarne à regret pratiquée dansl'épaisseur d'un énorme mur. Mes yeux, qui depuislongtemps n'avoient plus de larmes, mes yeuxappesantis alloient se fermer pour quelques instans.Pour quelques instans je cessois d'appeler Sophieou la mort; tout à coup j'entends s'ouvrir ma tripleporte, et le gouverneur entre, qui me crie: «Liberté,liberté!» Comment un infortuné, détenuseulement depuis quelques jours dans un des moinsaffreux cachots de la Bastille, peut-il entendre cemot-là sans expirer de joie? Comment

...

BU KİTABI OKUMAK İÇİN ÜYE OLUN VEYA GİRİŞ YAPIN!


Sitemize Üyelik ÜCRETSİZDİR!