Te souviens-tu, du sein deDieu où tu reposes, de ces longues journéesde Ghazir, où, seul avec toi, j'écrivais ces pagesinspirées par leslieux que nous avions visités ensemble? Silencieuse àcôté de moi, turelisais chaque feuille et la recopiais sitôt écrite,pendant que lamer, les villages, les ravins, les montagnes se déroulaientà nos pieds.Quand l'accablante lumière avait fait place àl'innombrable armée desétoiles, tes questions fines et délicates, tes doutesdiscrets, meramenaient à l'objet sublime de nos communes pensées. Tume dis un jourque ce livre-ci tu l'aimerais, d'abord parce qu'il avaitété fait avectoi, et aussi parce qu'il te plaisait. Si parfois tu craignais pour luiles étroits jugements de l'homme frivole, toujours tu fuspersuadée queles âmes vraiment religieuses finiraient par s'y plaire. Aumilieu deces douces méditations, la mort nous frappa tous les deux de sonaile;le sommeil de la fièvre nous prit à la même heure;je me réveillaiseul!... Tu dors maintenant dans la terre d'Adonis, près de lasainteByblos et des eaux sacrées où les femmes desmystères antiques venaientmêler leurs larmes. Révèle-moi, ô bongénie, à moi que tu aimais, cesvérités qui dominent la mort, empêchent de lacraindre et la fontpresque aimer.
Une histoire des«Origines du Christianisme» devrait embrasser toute lapériode obscure, et, si j'ose le dire, souterraine, quis'étend depuisles premiers commencements de cette religion jusqu'au moment oùsonexistence devient un fait public, notoire, évident aux yeux detous. Unetelle histoire se composerait de quatre livres. Le premier, que jeprésente aujourd'hui au public, traite du fait même qui aservi de pointde départ au culte nouveau; il est rempli tout entier par lapersonnesublime du fondateur. Le second traiterait des apôtres et deleursdisciples immédiats, ou, pour mieux dire, des révolutionsque subit lapensée religieuse dans les deux premièresgénérations chrétiennes. Jel'arrêterais vers l'an 100, au moment où les derniers amisde