MARIAGES

D ’ A V E N T U R E

     PARIS.—IMPR. DE E. DONNAUD, RUE CASSETTE, 9.     

MARIAGES
D ’ A V E N T U R E

PAR

ÉMILE GABORIAU
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Troisième édition

colofon

PARIS
E. DENTU, ÉDITEUR
Libraire de la Société des Gens de Lettres
PALAIS-ROYAL, 17 ET 19, GALERIE D’ORLÉANS
——
1873
Tous droits réservés

A
Madame Georges COINDREAU

Cet automne, chère sœur, au retour de nos courses dans les montagnesdes Eaux-Chaudes, j’ai écrit ce volume.

Je te le dédie—témoignage de notre inaltérable affection.

Émile GABORIAU.

TABLE

I

MONSIEUR J.-D. DE SAINT-ROCH

AMBASSADEUR MATRIMONIAL

I

Pourquoi Pascal Divorne donna sa démission moins de quinze jours aprèssa sortie de l’École des ponts-et-chaussées, dont il était un des élèvesdistingués, on ne l’a jamais su au juste.

Il ne prit pas la peine de l’expliquer, et ne donna aucune raison,peut-être parce qu’il n’en avait pas de bonnes à donner. J’entends deces raisons admirables, basées sur un intérêt certain et un égoïsmeprudent, seules admissibles et concluantes pour des juges payantpatente.

Les occasions ne lui manquèrent pourtant pas de dire la vérité ou mêmede mentir. Tout ce qu’il avait à Paris de parents éloignés et deconnaissances, le sondèrent habilement. On croyait flairer quelquesecret, qui sait, quelque petit scandale-c’était tentant. Il eut lacruauté de tromper l’attente de ces excellents curieux, qui, pours’immiscer dans les affaires d’autrui, ont l’éternel et banal prétexted’un intérêt tendre qu’ils n’eurent jamais. Il rit au nez de cesobligeants, toujours prêts à ouvrir leur cœur à une confidence, leurbouche à un bon conseil, mais qui pour rien au monde n’ouvriraient leurbourse s’il en était besoin.

Quelques-uns s’acharnaient. Ceux-là, Pascal les prit à part, et toutbas, mystérieusement, après avoir jeté de tous côtés des regards deconspirateur inquiet, il prononça ce gros mot de politique, lui qui desa vie ne s’était occupé de politique. Le moyen lui réussit, les entêtéss’enfuirent pleins d’épouvante, croyant déjà voir s’entrebâiller pourles engloutir les portes du mont Saint-Michel.

De guerre lasse, on laissa Pascal tranquille, mais non sans déclarer quec’était un jeune homme peu sociable, qui manquait de franchise et dontil était prudent de se défier, d’autant qu’il avait des opinions partrop avancées.

Restaient les amis. Il leur avoua simplement, sans détails, que, bienque Français et même très bon Français, il avait en horreur toute espèced’uniforme, fût-il plus brodé qu’une châsse, et qu’un emploi dugouvernement ne pouvait convenir à son caractère; les chances aléatoiresde la fortune lui semblaient préférables à des appointements fixes,petits ou gros, gagnés ou non; enfin, son indépendance lui paraissaitplus précieuse mille fois que tous les honn

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