In-8o 3e série.
EDWARD LE GLAY
JEANNE
DE
CONSTANTINOPLE
COMTESSE DE FLANDRE ET DE HAINAUT
LIBRAIRIE DE J. LEFORT
IMPRIMEUR ÉDITEUR
LILLE | PARIS |
rue Charles de Muyssart, 24 | rue des Saints-Pères, 30 |
1879
Propriété et droit de traduction réservés.
L'histoire de Jeanne de Constantinople, comtesse de Flandre et deHainaut, offre un mémorable exemple des vicissitudes de la fortune.Celles qu'eut à subir cette princesse, durant près d'un demi-siècle,furent, en effet, aussi diverses qu'émouvantes.
L'apprentissage du malheur commença pour elle dès l'enfance. La mortde sa mère, dans les contrées lointaines de l'Orient; la fin tragiquede l'empereur Bauduin, son père, arrivée peu après, l'avaient rendueorpheline alors qu'elle n'avait pas VI quinze ans. Héritière desplus riches provinces de l'ancienne Gaule-Belgique, elle devint,presque aussitôt, la victime des convoitises politiques du roiPhilippe-Auguste, qui l'arracha, ainsi que sa jeune sœur Marguerite,au sol natal pour la transférer à Paris, où elle resta comme en otagejusqu'à ce que les Flamands, toujours jaloux de leur indépendancenationale, obtinrent enfin qu'on leur rendît leur légitime souveraine.
Mariée, toujours au moyen d'intrigues politiques, à Fernand dePortugal, prince étranger plus aventureux que prudent et habile, lesdébuts de son règne furent marqués, d'abord par des luttes sanglantesqui amenèrent l'invasion de la Flandre; puis, après des alternativesdiverses, par la formation de cette coalition fameuse que la jeunecomtesse avait été impuissante à conjurer, et que devait bientôtanéantir la victoire de Philippe-Auguste à Bouvines.
Fernand de Portugal, prisonnier, est jeté dans la tour du Louvre,et c'en était fait de la nationalité flamande, sans le prestige queconservait toujours un peuple valeureux dont VII l'honneur était sauf;prestige que partageait aussi, il faut le dire, à un haut degré, parsa filiation et ses alliances de famille, la jeune princesse appelée àprésider seule désormais aux destinées de la Flandre et du Hainaut.
Alors commence pour Jeanne de Constantinople le rôle actif etdouloureux que lui a réservé la Providence au milieu des malheurs de sapatrie. Un double devoir lui est imposé comme femme et comme souveraine.
En vain elle implore, du