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SPICILÈGE

Par

MARCEL SCHWOB

FRANÇOIS VILLON—SAINT JULIEN L'HOSPITALIER

PLANGÔN ET BACCHIS

DIALOGUES SUR L'AMOUR, L'ART ET L'ANARCHIE

PARIS
SOCIÉTÉ DU MERCURE DE FRANCE
XV, RUE DE L'ÉCHAUDÉ-SAINT-GERMAIN, XV
M DCCC XCVI

Table


I

FRANÇOIS VILLON

Les poèmes de François Villon étaient célèbres dès la fin duXVe siècle. On savait par cœur le Grand et le PetitTestament. Bien qu'au XVIe siècle la plupart des allusionssatiriques des legs fussent devenues inintelligibles, Rabelaisappelle Villon «le bon poète parisien». Marot l'admirait tellementqu'il corrigea son œuvre et l'édita. Boileau le considéra comme undes précurseurs de la littérature moderne. De notre temps, ThéophileGautier, Théodore de Banville, Dante Gabriel Rossetti, Robert LouisStevenson, Algernon Charles Swinburne ont passionnément aimé. Ils ontécrit des essais sur sa vie, et Rossetti a traduit plusieurs de sespoèmes. Mais jusqu'aux travaux de MM. Auguste Longnon et Byvanck, quiparurent de 1873 à 1892, on ne savait rien de positif sur le texte deses œuvres ou sur sa véritable biographie. On peut aujourd'hui étudierl'homme et son milieu.

Quoique François Villon ait emprunté à Alain Chartier la plupart deses idées morales, à Eustache Deschamps le cadre de ses poèmes etsa forme poétique; bien que, près de lui, Charles d'Orléans ait étéun poète de grâce infinie et que Coquillart ait exprimé la nuancesatirique et bouffonne du caractère populaire, c'est l'auteur desTestaments qui a pris la grande part de gloire poétique de sonsiècle. C'est parce qu'il a su donner un accent si personnel à sespoèmes que le style et l'expression littéraire cédaient au frissonnouveau d'une âme «hardiment fausse et cruellement triste». Il faisaitparler et crier les choses, dit M. Byvanck, jusque-là enchâssées dansde grandes machines de rhétorique qui branlaient sans cesse leur têtesomnolente. Il transformait tout le legs du moyen âge en l'animant deson propre désespoir et des remords de sa vie perdue. Tout ce que lesautres avaient inventé comme des exercices de pensée ou de langage, ill'adaptait à des sentiments si intenses qu'on ne reconnaissait plus lapoésie de la tradition. Il avait la mélancolie philosophique d'AlainChartier devant la vieillesse et la mort; la tendre grâce et les douxpensers d'exil du pauvre Charles d'Orléans, qui vit si longtemps écloreles fleurs des prairies d'Angleterre au jour de la Saint-Valentin; leréalisme cynique d'Eustache Deschamps; la bouffonnerie et la satiredissimulée de Guillaume Coquillart; mais les expressions qui, chez lesautres; étaient des modes littéraires, paraissent devenir chez Villondes nuances d'âme; lorsqu'on songe qu'il fut pauvre, fuyard, criminel,amoureux et pitoyable, condamné à une mort honteuse, emprisonné delongs mois, on ne peut méconnaître l'accent douloureux de son œuvre.Pour la bien comprendre et juger de la sincérité du poète, il fautrétablir, avec autant de vérité qu'il est possible, l'histoire decette vie si mystérieusement compliquée.


I

Il est impossible d'arriver à une certitude sur l'endroit où naquitFrançois Villon, non plus que sur la condition de ses parents. Quant àson nom, il est probable qu'il faut accepter définitivement celui deFrançois de Montcorbier. C'est ainsi qu'il figure sur les registresde l'Université de Paris. Une lettre de rémission lui donne le nom

...

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