ISABELLE EBERHARDT
Publiées avec une préface et des notes
PAR
VICTOR BARRUCAND
PARIS
Librairie CHARPENTIER et FASQUELLE
EUGÈNE FASQUELLE, ÉDITEUR
11, RUE DE GRENELLE, 11
1920
ŒUVRES D’ISABELLE EBERHARDT
Trimardeur, roman. — Collection de l’Akhbar, Alger.
Pages d’islam. — Un vol. in-16, E. Fasquelleédit., Paris.
Notes de route. — Un vol. in-18, E. Fasquelle.
Dans l’Ombre chaude de l’Islam. (En collaborationavec Victor Barrucand). Un vol. in-18, E. Fasquelle.
Jusqu’ici l’ensemble des nouvelles qu’IsabelleEberhardt éparpilla dans la presse algérienne,de 1902 à 1904, ne se présentait sur un seultableau que dans les collections de l’Akhbar etdans le brochage à part que nous en avionsdonné en 1906 avec un indice éditorial et deuxportraits hors texte de l’auteur[1].
[1] Voir l’Akhbar du 10 juin 1906 : indice bibliographique.
Après avoir servi de notre mieux la mémoirede notre affectionnée collaboratrice en terminant,suivant son vœu, ses œuvres inachevéeset en assurant le choix et la publication de sesnotes, nous répondons, dès que les circonstancesle permettent, à un désir depuis longtempsexprimé par ses admirateurs et sesamis en classant sous la forme du livre lerecueil des nouvelles qu’elle fit paraître de sonvivant, et nous les complétons de pages inéditestirées des papiers qu’elle nous laissa.
Il y a dans ces nouvelles l’initiation à unmonde africain qui pourrait être celui des contesmerveilleux si on ne savait qu’il est aussi celuide la souffrance.
L’âme russe d’Isabelle Eberhardt était bienpréparée à comprendre l’Islam et à l’enseignerpar la sympathie. Avec elle nous dépassons lestage de l’exotisme, nous en avons fini avecles étonnements évasifs.
Connaître une terre par sa lumière, son histoireet son commerce, c’est encore trop peu,et nous n’en rapporterions qu’une illuminationfugitive et un malaise, si la raison secrète deses habitants devait nous échapper.
Après des exaltations et des fatigues, le pèlerinéprouvera le désenchantement du voyageet souffrira de n’être qu’un étranger chez despeuples qui, même vaincus, se font défendrepar leurs morts, comme dans ces étrangescités du Moghreb où l’on n’arrive qu’en traversantdes cimetières immenses. Scrupuleux, ilen viendrait à s’adresser des questions troublantessans y savoir bien répondre. Voicidonc des choses nécessaires et qui ne sont pasdans les guides : un léger bagage sentimentalassez lourd à porter et dont les désœuvrés à lacourse feront bien de ne pas s’embarrasser.
Avec ses façades crevées, ses casbah ruinées,ses portes de gloire où ne passe plus que le vent,ses masses décoratives qui s’évanouissent àl’approche comme un mirage, l’Islam présentecependant des perspectives durables, celles deses mœurs et de sa foi.
Drapés de blanches laines ou sculptés sousle haillon, les musulmans conservent unemorale et une dignité que les injures et lesdénigrements ne peuvent amoindrir.
Il faudrait inculquer cette idée à tous ceuxqui se flattent de lier partie avec eux, et toutd’abord aux di