EN CROUPE DE BELLONE
ÉDITIONS GEORGES CRÈS & Cie
Israël Zangwill. — Les Enfants duGhetto. Traduit de l’anglais par Pierre Mille,un vol. in-16 (collectionAnglia).
PIERRE MILLE
COLLECTION « BELLUM »
GEORGES CRÈS & Cie, ÉDITEURS
PARIS
116, Bd St-GERMAIN ZURICH
7, RÄMISTRASSE
MCMXVI
(4e ÉDITION)
IL A ÉTÉ TIRÉ DE CET OUVRAGE :
20 exemplaires sur Chine (dont 5 horscommerce) numérotés de 1 à 15 etde 16 à 20.
40 exemplaires sur Japon (dont 10 horscommerce) numérotés de 21 à 50 etde 51 à 60.
5 exemplaires sur papier Ingres couleurpaille, hors commerce, numérotésde 61 à 65.
Copyright by Pierre Mille 1916.
Tous droits de reproduction, de traduction et d’adaptationréservés.
Conte pour servir de préface
Aux environs de l’an 3000 de notre ère, — onzecents ans, par conséquent, audelà de l’époque agitée où nous vivons, — aprèsavoir traversé, venant de l’ouest,toute l’étendue de la Sibérie, un voyageurcitoyen de l’empire d’Amérique parvint,à l’extrémité du continent asiatique, surles rives du golfe d’Anadyr, dans un payshabité par des indigènes Tchouktchis.
Je m’aperçois ici que je dois expliquerdeux choses. En l’an 3000, alors que l’Europeétait devenue une vaste démocratie,l’Amérique formait un empire rigoureusementautocratique, destiné à faire contrepoidsà celui de la Chine ; l’histoire nousa gardé le souvenir de bon nombre de ceschassés-croisés. Mais on sera peut-être unpeu plus étonné d’apprendre que je saisce qui s’est passé en l’an 3000. Je répondraique c’est grâce à la « machine àexplorer le temps » imaginée par l’ingénieuxH. G. Wells, dont je fais un fréquentusage.
C’est ainsi que je me trouve à mêmede reproduire un passage assez curieux dujournal de ce voyageur, qui s’appelle J. B.W. Tylor, de la 18e province, jadis dénomméeÉtat de Kentucky.
Après avoir noté que le chef d’une petitetribu tchouktchie lui fut fort utile pourdégager du sable et de la boue congeléequi l’enserraient un cadavre de mammouthantédiluvien, J. B. W. Tylor ajoute :
« Ce chef, bien qu’il se fût montréd’abord assez rapace et disposé à ne rienfaire pour rien, se découvrit à l’usage assezcommunicatif et relativement intelligent.Il exigeait de ses sujets de grandes marquesextérieures de respect ; et, sur une questionque je lui posai, m’apprit qu’il avaitdroit au titre d’empereur, comme le souveraind’Amérique lui-même. « Et ainsi,conclut-il, nous ne sommes plus quetrois : l’empereur d’Amérique, l’empereurde Chine et moi. On me nomme aussiKézer, mais c’est la mê