HUGUES LE ROUX

AU SAHARA

Illustré d’après des photographies de l’auteur
GRAVÉES PAR PETIT ET Cie

PARIS
LIBRAIRIE MARPON & FLAMMARION
E. FLAMMARION, SUCCr
26, RUE RACINE, PRÈS L’ODÉON

Tous droits réservés.

IL A ÉTÉ TIRÉ, DE CET OUVRAGE
10 Exemplaires numérotés sur papier du Japon,
au prix de 20 fr.

A FRANCISQUE SARCEY

Hommage
de reconnaissance et d’affection.

Hugues Le Roux.

AVANT-PROPOS

C’était en septembre 1889, sur la terrasse del’hôtel Européen, à Tanger.

Devant la pureté d’une nuit de lune et labeauté de cette rade marocaine, où les naviresmouillaient au large avec leurs feux immobiles,nous songions que ce magnifique spectacle étaittout proche de Paris ; — et pourtant combien peude Français ont la curiosité de passer la mer pourvenir jeter par la porte de Tanger un coup d’œilsur l’Orient.

Mon compagnon de causerie était un des Françaisde cette génération qui sont le plus au courantde la langue et des mœurs religieuses du peuplearabe. Son savoir précis me donnait une grandecuriosité de l’interroger.

Il me répondit :

— Venez voir ces gens et ce pays-là de vosyeux. L’exemple décidera peut-être à se mettre enroute des gens du monde qui ont du loisir, del’entraînement physique, le goût des longues chevauchées.Tout à l’heure dans les boutiques marocaines,vous avez dû parler espagnol ou anglaispour vous faire servir. Cela durera tant que nouslaisserons aux étrangers le monopole du voyagepour lequel nous sommes si heureusement doués.

… L’hiver passa sur cette causerie. Le printempsvenu, j’allai me reposer au fond des bois de Meudon,dans un hameau en clairière qui domineVille-d’Avray et d’où l’on voit le soleil se coucherderrière des plans d’arbres, sur la silhouette dentelée,lointaine du Mont-Valérien.

C’est dans ce paysage modéré, dans ce calme devie, que vint me relancer vers la mi-juin unelettre tentatrice.

Elle arrivait d’Algérie.

Elle disait :

« Dans les premiers jours de juillet, je parsd’Aïn-Sefra, — cherchez la dernière station duchemin de fer stratégique qui protège notre frontièreoranaise du côté du Maroc. — Je remonteraià cheval jusqu’à Géryville, en traversanttous les ksour, c’est-à-dire les villages berbères,égrenés dans des oasis, le long des hauts plateaux.A Géryville j’abandonnerai le cheval pour le méhari,le chameau coureur, et je descendrai vers leSahara, de façon à rejoindre Metlili, Ghardaïa,Ouargla. Je rentrerai dans la province de Constantinepar Touggourt, l’oued Rirh, Biskra, oùl’on retrouve des chemins de fer, des hôtels, de laglace, enfin la vie civilisée. Voyez si le cœur vousen dit. »

Je laissai tomber ce billet et je regardai par lafenêtre.

Dans le grand vitrage de l’atelier s’encadrait unsite d’une singuli

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