Les Huit Jours
du
Petit Marquis
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Carlos et Cornélius
Par
Jules Claretie
de l’Académie française
Paris
Nelson, Éditeurs
189, rue Saint-Jacques
Londres, Édimbourg et New-York
Tous droits de reproduction et de traduction
réservés pour tous pays.
LES HUIT JOURS
DU PETIT MARQUIS
UN dimanche, un dimanche anglais, leterrible Sunday silencieux et morne, ledimanche du vide et de l’ennui, un dimanchede juin, sous la chaleur torride,la lourde chaleur des étés de Londres,un dimanche de 1793, à l’heure où lesjours caniculaires du faubourg Saint-Antoineavaient pour réponse les joursorageux du Strand, les bouillonnementsde Pall Mall, les nuits pleines de colèresde la Chambre des Communes, — untriste et beau dimanche d’exil, — et,dans les rues de la ville immense, depuisle matin, sous le ciel gris bleu, d’un bleude lin, le marquis de Beauchamp d’Antignacpromenait sa désolation, à traversles rues, se demandant si, par une ironiedes heures, le temps n’était pas pluslong et plus pesant, un dimanche,dans l’atmosphère lourde de la vieilleAngleterre.
Oh! ces dimanches, qui revenaient sivite au bout de semaines qui passaientsi lentement, comme il en avait déjà supporté,traîné du matin au soir, dans lesrues vides, le petit marquis exilé qui regrettaitce Paris à peine e