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(Agrandissement)

Avec ce numéro Supplément musical: Fragments de Siberia et d'Amica.



LA COURSE DE CANOTS AUTOMOBILES INTERROMPUE PAR LATEMPÊTE.
Sauvetage de l'équipage du "Camille" par le "Kléber".

D'après le croquis d'un passager du Kléber.


Courrier de Paris

JOURNAL D'UNE ÉTRANGÈRE

C'était à Dunkerque, il y a cinq ou six ans, je crois. Une centaine detouristes--hommes et femmes de diverses nationalités et de tous lesâges--encombraient le pont du remorqueur qui les allait conduire enrade, à bord de la Lusitania. La Lusitania appareillait pour unecroisière d'un mois en Norvège. J'étais du voyage avec quelques amis.L'heure s'avançait et nous trouvions que ce remorqueur mettait bien dutemps à démarrer. Le capitaine s'excusait: «Il paraît, dit-il, qu'onattend encore quelqu'un...» Au même moment, une clameur ironiques'éleva, saluant l'arrivée des retardataires. C'étaient deux jeunesfemmes; l'une, souriante, très jolie, grande, d'allure majestueuse etd'impeccable élégance; l'autre, plus modestement vêtue, un peuessoufflée, avec des paquets plein les mains,--la femme de chambre.Quelqu'un demanda: «Qui est-ce?» Une voix répondit: «Mme du Gast.» Uneheure après, la Lusitania levait l'ancre et nous filions vers Bergen.La mer nous secouait un peu et la plupart des voyageuses avaientprudemment gagné leurs cabines. Insensible au roulis et à la poussièredes embruns, la femme dont j'avais entendu prononcer le nom tout àl'heure s'était commodément installée au pont d'arrière, au milieu decouvertures et de coussins, à côté d'une table légère où s'étalaientpêle-mêle des illustrés, des journaux, des livres. Elle était là commechez elle, et ce flegme souriant nous intéressait. Coiffée d'unecasquette blanche qui lui seyait à ravir, elle plaisait par je ne saisquoi de nonchalant et de crâne à la fois dans l'expression. Quelquespassagers à cheveux gris s'extasiaient: «On dirait l'impératriceEugénie... vous rappelez-vous?» La ressemblance était, paraît-il,saisissante.

Et pas une fois, pendant un mois, la souriante voyageuse ne se départitde sa sérénité du premier jour. Des femmes, autour de nous,s'inquiétaient de la mauvaise mer, trouvaient douloureuse la longueurdes jours polaires, se plaignaient de la difficulté de certainsdébarquements, du froid qu'il faisait là-haut, près du cap Nord, et dela mélancolie tragique des paysages... Elle ne se plaignait de rien etcontinuait de sourire. On sentait cette femme, en vérité, trèssupérieure aux minuscules péripéties d'une si commode excursion; on ladevinait capable d'affronter d'autres périls... Je ne l'ai plus jamaisrevue; mais j'ai eu, par les journaux, de ses nouvelles plusieurs fois.J'ai suivi de loin ses aventures en ballon; je me suis intéressée à sesprouesses d'automobiliste; l'audace de son dernier raid enMéditerranée, surtout, m'a stupéfiée. Nous voilà loin, madame, de laLusitania et des calmes fjords Scandinaves; et votre courage aremporté cette semaine une victoire dont les féministes vous saurontgré. Vous avez glorieusement travaillé pour leur cause!

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Si même il n'était point très

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