Au lecteur:
Voir la Note de Transcription et la Table des Matières en fin de livre.

CHRONIQUE

DU CRIME

ET

DE L’INNOCENCE.

IMPRIMERIE DE MARCHAND DU BREUIL,
rue de la Harpe, n. 90.


CHRONIQUE
DU CRIME
ET
DE L’INNOCENCE;

Recueil des Événemens les plus tragiques, Empoisonnemens, Assassinats, Massacres, Parricides, et autres forfaits, commis en France, depuis le commencement de la monarchie jusqu’à nos jours, disposés dans l’ordre chronologique, et extraits des anciennes Chroniques, de l’Histoire générale de France, de l’Histoire particulière de chaque province, des différentes Collections des Causes célèbres, de la Gazette des Tribunaux, et autres feuilles judiciaires.

Par J.-B. J. CHAMPAGNAC.

Tout ce qui me fait peur m’amuse au dernier point.

C. Delavigne. École des Vieillards.

Tome Sixième.


Paris.
CHEZ MÉNARD, LIBRAIRE,
PLACE SORBONNE, No 3.


1833.


CHRONIQUE

DU CRIME

ET

DE L’INNOCENCE.


[Pg 1]

ASSASSINAT
DU DUC D’ENGHIEN.


Parmi les crimes politiques signalés dansles annales de notre siècle, il n’en est pas quipuissent imprimer autant d’horreur que lemeurtre abominable du plus jeune et du dernierdes Condés. Cette illustre victime fut,pour ainsi dire, le marchepied dont se servitNapoléon pour monter au trône de France.Du reste, la manière dont on fit le duc d’Enghienprisonnier, est un manque de foi, uneviolation patente du droit des gens, un guet-à-pens[Pg 2]qui déshonore la vie de celui qui l’ordonna,et qui semble justifier, jusqu’à uncertain point, la conduite barbare du ministèreanglais à l’égard du captif de Sainte-Hélène.

Le duc d’Enghien, digne rejeton d’une racehéroïque, s’était couvert de gloire à l’armée deCondé, qui combattait sous les ordres de sonaïeul. Dans la brillante affaire de Bersthein,il s’était emparé d’une pièce de canon, aprèsavoir eu ses habits percés de balles et de coupsde baïonnettes. Monsieur, depuis Louis XVIII,lui écrivait à cette occasion: «Vous êtes àl’âge et vous portez le nom du vainqueur deRocroy; son sang coule dans vos veines;vous avez devant les yeux l’exemple d’un pèreet d’un grand père au-dessus de tous les éloges.Que de motifs d’espérer que vous serezun jour la gloire et l’appui de l’État!»

«Quand on songe ce qu’on a fait de cettegloire et de cet appui de l’État, s’écrie M. deChateaubriand, ces belles paroles fendent lecœur.»

Le premier consul ayant fait proposer auroi Louis XVIII de renoncer au trône deFrance, moyennant des indemnités; et ce...

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