Dr J. GRASSET
Professeur de clinique médicale
à l'Université de Montpellier

L'Idée Médicale
DANS LES
Romans de Paul Bourget

MONTPELLIER
COULET & FILS, Éditeurs
GRAND'RUE, 5

1904

A
MONSIEUR PAUL BOURGET
DE L'ACADÉMIE FRANÇAISE

Je dédie cette Conférence, en témoignage de profond etreconnaissant dévouement, comme Diomède offrit ses grossièresarmes d'airain en échange des armes d'or finementciselées de Glaucos.

J. G.
Montpellier, janvier 1904.

L'IDÉE MÉDICALE
DANS LES
ROMANS DE PAUL BOURGET

Mesdames,
Messieurs,

1. Etrange, à première vue, doit vous paraîtrele choix de Paul Bourget pour étudier l'idée médicaledans une grande œuvre littéraire.

Et, en effet, vous ne trouverez, dans cette œuvre,ni des Romans médicaux comme ceux d'AndréCouvreur, ni des critiques de médecins commecelles de Léon Daudet, ni des thèses médicalescomme chez Brieux ou chez de Curel, ni des descriptionsde maladie comme celles de Zola…

Il faut la chercher, pour trouver l'idée médicale,dans les Romans de Paul Bourget. Mais, enla cherchant, on la trouve (c'est du moins ce queje voudrais vous prouver) et on la trouve partoutdans ses œuvres, comme ces solides assises defer qu'on découvre dans une belle maison enécartant les tentures et en grattant un peu lesmurailles.

Vous comprendrez qu'un marchand de fertrouve quelque plaisir à chercher et à montrerson métal professionnel à travers et derrièremille autres choses agréables qui le masquentgentiment, tandis qu'il n'en trouverait plus aucunà disserter sur l'ossature trop évidente et tropnue de la tour Eiffel.


2. Pour retrouver ainsi l'idée médicale dansl'œuvre de Paul Bourget, il faut donner à ce motmédical et au mot médecin, d'où il dérive, sonsens le plus large et d'ailleurs le seul vrai.

Le médecin n'est pas, en effet (comme un vainpeuple pense), un monsieur qui échange des ordonnancescontre des honoraires. Le médecin estun homme qui étudie et doit connaître la viehumaine dans tous les détails de son évolution,à l'état de santé et à l'état de maladie. Car nul nepeut réparer l'horloge détraquée, s'il n'en connaîtà fond le mécanisme intact dans son fonctionnementnormal.

Et le médecin doit connaître l'homme vivantdans son unité totale, formée de l'union, souventinextricable, du moral et du physique. Car, mêmepour le spiritualiste le plus orthodoxe[1], lecorps étant encore l'outil indispensable de l'âme,tout se tient dans la vie de l'homme.

[1] Ceci pour prévenir les accusations que pourraient fairenaître contre Paul Bourget, chez des superficiels, des passagescomme celui-ci: «L'évêque d'Orléans avait signalé à la défiancedes pères de famille le philosophe (Taine) coupable d'avoir écritcette phrase hardie: «… le vice et la vertu sont des produitscomme le

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