JOURNAL D'UN HOMME HEUREUX
PUBLIÉ PAR
ÉMILE SOUVESTRE
OUVRAGE COURONNÉ PAR L'ACADÉMIE FRANÇAISE
NOUVELLE ÉDITION
PARIS
MICHEL LÉVY FRÈRES, LIBRAIRES-ÉDITEURS
RUE VIVIENNE, 2 BIS
1857
—Droits de reproduction et de traduction réservés—
Format grand in-18
AU BORD DU LAC | 1 vol. |
AU COIN DU FEU | 1 — |
CHRONIQUES DE LA MER | 1 — |
CONFESSIONS D'UN OUVRIER | 1 — |
DANS LA PRAIRIE | 1 — |
EN QUARANTAINE | 1 — |
HISTOIRES D'AUTREFOIS | 1 — |
LE FOYER BRETON | 2 — |
LES CLAIRIÈRES | 1 — |
LES DERNIERS BRETONS | 2 — |
LES DERNIERS PAYSANS | 2 — |
CONTES ET NOUVELLES | 1 — |
PENDANT LA MOISSON | 1 — |
SCÈNES DE LA CHOUANNERIE | 1 — |
SCÈNES DE LA VIE INTIME | 1 — |
SOUS LES FILETS | 1 — |
SOUS LA TONNELLE | 1 — |
RÉCITS ET SOUVENIRS | 1 — |
LES SOIRÉES DE MEUDON | 1 — |
SUR LA PELOUSE | 1 — |
LA DERNIÈRE ÉTAPE | 1 — |
SCÈNES ET RÉCITS DES ALPES | 1 — |
Typographie de Morris et Comp., rue Amelot, 64.
A
MME NANINE SOUVESTRE.
Nous connaissons un homme qui, au milieude la fièvre de changement et d'ambition quitravaille notre société, a continué d'accepter,sans révolte, son humble rôle dans le monde,et a conservé, pour ainsi dire, le goût de lapauvreté. Sans autre fortune qu'une petiteplace, dont il vit sur ces étroites limites qui séparentl'aisance de la misère, notre philosopheregarde, du haut de sa mansarde, la sociétécomme une mer dont il ne souhaite point lesrichesses et dont il ne craint pas les naufrages.Tenant trop peu de place pour exciter l'enviede personne, il dort tranquillement enveloppédans son obscurité.
Non qu'il se soit retiré dans l'égoïsme commela tortue dans sa cuirasse! C'est l'homme deTérence, qui ne «se croit étranger à rien dece qui est humain.» Tous les objets et tousles incidents du dehors se réfléchissent en luiainsi que dans une chambre obscure où ilsdécalquent leur image. Il «regarde la sociétéen lui-même» avec la patience curieuse dessolitaires, et il écrit, pour chaque mois, lejournal de ce qu'il a vu ou pensé. C'est le calendrierde ses sensations, ainsi qu'il a coutume dele dire.
Admis à le feuilleter, nous en avons détachéquelques pages, qui pourront faire connaîtreau lecteur les vulgaires aventures d'un penseurignoré dans ces douze hôtelleries du tempsqu'on appelle des mois.