L'Illustration, No. 3647, 18 Janvier 1913
LA REVUE COMIQUE, par Henriot.
Ce numéro se compose de vingt pages au lieu de seize et contient deuxsuppléments:
1° L'Illustration Théâtrale avec le texte de l'adaptation de Faust,par M. Émile-Vedel;
2º Le 8e et dernier fascicule d'UN double amour, parClaude Ferval.
VEILLE D'ÉLECTION PRÉSIDENTIELLE
La réunion plénière desgauches du Sénat et de la Chambre dans l'ancienne chapelle duLuxembourg. Dessin de Léon FAURET.
--Voir l'article, page 34.
L'Assemblée nationale, convoquée le vendredi 17 janvier à Versaillespour élire le nouveau président de la République, ouvrira sa séance àune heure de l'après-midi, et le résultat du dernier tour de scrutin nesera connu qu'à la fin de la journée ou peut-être même dans la nuit devendredi à samedi. L'Illustration, paraissant le vendredi matin, nepourra donc publier que la semaine prochaine la série des photographieset dessins documentaires qu'elle aura pu réunir sur la séance du Congrèset sur la personnalité de celui qui, le 17 février prochain, succédera àM. Armand Fallières.
Je trace ces lignes quelques jours avant l'élection qui absorbel'intérêt et la curiosité de tout le pays, et, à l'heure même où ellesseront imprimées, le nom du vraisemblable Prédestiné, à moitié connudéjà, mais encore incertain, sortira, paré d'un prestige officiel etnouveau des urnes de Versailles.
Je n'entends pas parler ici des personnes, mais simplement de laFonction.
La présidence de la République! Ce titre exerce sur la masse des hommesun incroyable pouvoir fascinateur. Il dit des palais nationaux, uneliste civile, des salons fastueux tendus des tapisseries duGarde-Meuble, des cortèges, des calèches à la daumont, le grand cordonrouge sur gilet blanc, la Marseillaise écoutée debout, tête nue, lapremière place partout, les armes présentées, des avant-scènes d'Opéra,des réceptions à l'Elysée, des chasses, des croisières sur descuirassés, des trains spéciaux, des voyages princiers, des tête-à-têteavec des rois, le bras offert aux impératrices,... des petits enfants,fragiles héritiers de pesantes couronnes, tenus sur les genoux,... desarmées passées en revue, des visites de chantiers et de jardins,d'usines et d'hospices, les premières pierres posées sous le soleil, oula pluie, des inaugurations d'Expositions universelles, des discourspour tout et pour rien, des honneurs à chaque minute, des signatures,données sur un splendide bureau Louis XV, d'une main qui sait sonimportance, et des conseils de ministres, tour à tour graves et orageux,où se traitent les questions vitales, où se font et se défont lesdestinées de ce qui s'appelle la France.
Pour les uns, ceux qui voient vite, simple et gros, et qui sont le plusgrand nombre, la Présidence est donc une place féconde en bénéfices eten avantages de toutes sortes, un poste de jouissances abondantes etpressées, qui permet de vivre pendant sept ans un rêve magnifique deconte arabe et de rentrer ensuite, fortune faite, dans une obscurité depr